Comment la psychothérapie modifie la structure du cerveau

Jusqu’aux années 2000, nous ne savions pas réellement comment la psychothérapie pouvait aider un patient à aller mieux.
 
C’est à l’aide d’une conférence d’un grand psychanalyste, neuropsychiatre, éthologue que je vais appuyer mon article : Le Dr. Boris Cyrulnik.
 
(l’intégralité de la conférence de B. Cyrulnik : https://www.youtube.com/watchv=YcatQH49pWo#action=share)

Le cerveau dans la douleur

Image présentant la façon dont la psychothérapie modifie le cerveau.
Lorsqu’une personne se retrouve en situation d’isolement sensorielle (décès d’un proche, malheureux, dépressif etc.) on peut voir que les fibres préfrontales ne sont plus stimulées. L’arborisation préfrontale s’arrête donnant l’impression qu’il y a une atrophie, qui en fait, n’en est pas vraiment une. Effectivement, la réorganisation du milieu (sensoriel) permet aux fibres préfrontales de se redresser et donc cette « fausse-atrophie » disparaît.
Une des choses les plus importantes à comprendre ici, c’est que la forme du cerveau dépend de la structure du contexte. C’est là que la psychothérapie prend forme. Dans d’autres termes, le fonctionnement du cerveau dépend de l’environnement. Par exemple, une personne parfaitement saine perd son conjoint, alors les fibres préfrontales s’affaisseront.

Le cerveau et la psychothérapie

On va aller plus loin dans l’explication neuro-scientifique et comprendre les conséquences de fibres préfrontales « atrophiées ». Je vais parler un instant de l’amygdale. L’amygdale est le socle neurologique des émotions. Elle fait partie du système limbique qui est impliqué dans la reconnaissance et l’évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels, dans l’apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et l’anxiété.
C’est-à-dire que les fibres préfrontales saines vont venir inhiber en quelque sorte les informations sensibles. Non pas dans le sens de donner moins d’informations, mais plutôt amortir leur valence émotionnelle. Le problème serait plutôt pour une personne chez qui ces fibres préfrontales seraient en quelque sorte « atrophiées ».
En effet, vous l’aurez compris, elles ne pourront plus « amortir » le choc émotionnel et donc la moindre information devient pour l’amygdale une alerte intense. Ce qui veut dire que pour une personne ayant ce type de cerveau, le moindre événement est un trauma.
Alors que pour une personne ayant les fibres préfrontales saines, la même information sera par exemple une invitation au jeu, à l’exploration. Ce qui va détruire l’un, va être une information futile pour l’autre.

L’expérience de Mario de Beauregard

Participant à l’expérience : 30 – 50 personnes

Formation de 3 groupes : 

  1.  Dépression profonde avec psychothérapie, avec IRM
  2.  Dépression profonde sans psychothérapie, avec IRM
  3. Parfait santé, avec IRM.
Groupe 1 : Dépression profonde : IRM + psychothérapie et au bout de quelques mois: Contrôle avec IRM
Le travail de psychothérapie était le suivant: remémoration, imagination, représentation. Résultats: On voit qu’après 3 mois leur cerveau ne fonctionne plus de la même manière. Il y a la partie dorsale du lobe frontal s’est regonflé et consomme de l’énergie.
La partie antérieure de l’Aire Singulaire Antérieure se remet à fonctionner alors que lorsqu’il était déprimé la partie frontale était éteinte et c’était la partie postérieure de l’Aire Singulaire qui consommait de l’énergie. Ce qui veut dire que le cerveau a pris l’habitude de fonctionner différemment sous le simple effet de la psychothérapie.
C’est-à-dire que le milieu agit sur notre fonctionnement cérébrale, mais qu’à l’inverse, on peut agir sur le milieu pour qu’il agisse de manière différente sur notre fonctionnement cérébral ainsi, on ne voit plus le monde de la même manière.
 
Groupe 2 : Dépression profonde mais refus de la psychothérapie, mais contrôle quelques mois plus tard
Le fonctionnement du cerveau n’a pas changé.
 
Groupe 3 : parfaite santé: Contrôle en même temps que les deux autres groupes, puis quelques mois plus tard, le fonctionnement du cerveau n’a pas changé.
Mario de Beauregard, auteur de cette expérience, a fait plusieurs cohortes, et quelle que soit la méthode psychothérapique les résultats sont les mêmes: qu’il s’agisse de la psychanalyse, de thérapie comportementale, etc, les résultats sont les mêmes. L’intérêt de la psychothérapie, c’est de faire l’effort de remémoration, de parole, d’anticipation, d’imagination.
Lorsque l’on raconte sa vie à un psychologue, on fait un effort d’imagination, d’anticipation, de traitement des images, de parole, de réflexion. C’est cet ensemble d’actions qui va venir structurer le cerveau, le modifier.